Mélanie Thierry, inoubliable "Princesse de Montpensier" au cinéma, revient au théâtre après 4 ans d'absence dans le rôle d'une fille perdue en quête de rédemption, dans Anna Christie de l'Américain Eugene O'Neill au Théâtre de l'Atelier.
La pièce âpre d'Eugene O'Neill (mort en 1953, prix Nobel de littérature en 1936) se déroule dans "des brouillards portuaires, des mers agitées, des bars où les alcooliques côtoient les prostituées", décrit le metteur en scène Jean-Louis Martinelli. O'Neill a été marin -et alcoolique- et sait de quoi il parle.
Anna Christie, confiée toute petite à des cousins dans une ferme du Minnesota, débarque dans un bar crasseux de New York pour retrouver son père et chercher refuge. Elle sort de l'hôpital et a déjà beaucoup vécu pour ses 20 ans: l'esclavage à la ferme, la prostitution depuis deux ans.
Le spectateur comprend tout au premier coup d'oeil en la voyant débarquer dans sa robe rouge, ses talons et son collant filé. Mélanie Thierry a la gouaille de la fille "de mauvaise vie", mais aussi par la suite l'innocence de la gamine en quête de rédemption. Elle est très belle en moussaillon sur le pont du caboteur de son père, le regard perdu dans la brume, "lavée" par le brouillard de sa vie passée. Mélanie Thierry aime les rôles forts, "sans chichis", dit-elle: il y a quatre ans elle était "Baby doll" dans la pièce de Tennessee Williams.
Elle débarque ici dans un décor évoquant le "Port d'Amsterdam" de Jacques Brel. Au bar, la tenancière a quelques années au compteur (excellente Charlotte Maury-Sentier) et chantonne "Ostende" de Léo Ferré ("Ni gris ni verts, comme à Ostende, quand sur la ville tombe la pluie et qu'on s'demande (...) si ça vaut l'coup d'vivre sa vie").
O'Neill ne fait pas de cadeau à ses personnages masculins, bruts de décoffrage, maladroits dans leurs tentatives d'aimer, prompts au coup de poing.
Ci-dessus, affiche de la pièce de théatre Anna Christie avec Melanie Thierry.
Les femmes sont des victimes, condamnées à attendre à terre les maris, frères et fils marins, ou prostituées. Avec Anna, le dramaturge américain, qui a beaucoup fréquenté les milieux émancipés de Greenwich Village, esquisse un personnage de femme rebelle, en quête de liberté. "Vous faites comme si je vous appartenais tous les deux", hurle-t-elle à son père et son amoureux (Stanley Weber, le fils de Jacques, très crédible dans le rôle).
Anna Christie a tout pour séduire. Manquent peut-être -mais la pièce démarre à peine- une fièvre, un rythme, une incandescence, pour convaincre totalement.
Source : Théâtre de l'Atelier
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