Avec "La Vénus à la fourrure", en salles mercredi, le Franco-Polonais Roman Polanski signe un huis clos théâtral entre un metteur en scène et une actrice sur fond de sadomasochisme, dans lequel s'entremêlent subtilement art et réalité.
Une Emmanuelle Seigner tantôt vulgaire tantôt lascive, passant constamment d'un ton et d'une posture à l'autre, face à un Mathieu Amalric plongeant peu à peu dans la fascination et la sidération: les deux acteurs incarnent avec brio les deux personnages de ce film souvent drôle, aux dialogues savoureux.
"La Vénus à la fourrure" se dévoile mercredi 13 novembre dans les salles obscures.
Adapté d'une pièce de David Ives, "La Vénus à la fourrure" est la deuxième adaptation consécutive d'une oeuvre théâtrale par le cinéaste après "Carnage", d'après Yasmina Reza.
Thomas (Mathieu Amalric), un metteur en scène énervé après des auditions ratées, reçoit Vanda (Emmanuelle Seigner, épouse de Polanski), une actrice vulgaire et écervelée, mini-jupe et collier en cuir, qui vient se présenter pour une pièce adaptée du roman "La Vénus à la fourrure" de Leopold von Sacher-Masoch, roman érotique dont l'auteur a donné son nom au masochisme.
Alors que commence l'audition, Vanda change du tout au tout pour coller parfaitement au personnage de la pièce, qui porte curieusement le même prénom qu'elle. Peu à peu, les rapports de domination vont s'inverser entre les deux protagonistes, tandis que la pièce qu'ils répètent et la "vraie vie" des personnages se mélangent inextricablement dans une mise en abyme vertigineuse.
"Millefeuille"
"On m'a donné ce texte ici l'année dernière, à Cannes" et "j'ai décidé aussitôt de faire un film", a raconté Roman Polanski lors d'une conférence de presse au festival en mai où le film était en compétition mais est reparti bredouille, contrairement à 2002 où le cinéaste avait raflé la Palme d'or avec "Le pianiste".
"C'était mon rêve de faire un jour un film avec deux acteurs seulement", a poursuivi le réalisateur de "Répulsion", "Le locataire" ou "Rosemary's Baby", habitué des univers clos et théâtralisés, et dont le premier film, "Le couteau dans l'eau", mettait en scène seulement trois personnages. "Je pensais que (ce) serait vraiment un défi", a ajouté Roman Polanski - dont c'est le premier film en français -, soulignant avoir "trouvé le texte hilarant". Explorant des thèmes qui lui sont chers comme la perversion, l'oppression psychologique ou l'ambiguïté du rapport entre victime et bourreau, Roman Polanski s'amuse aussi à creuser le parallèle entre sadomasochisme et théâtre.
"Le sadomasochisme, je connais, je travaille au théâtre !", dit le personnage incarné par Emmanuelle Seigner.
Le film glisse peu à peu dans l'irréel, jouant avec la perversité des situations et brouillant parfois les pistes pour le spectateur, qui ne sait plus toujours qui parle entre les personnages du film et ceux de la pièce qu'ils répètent.
Avec "ce passage incessant, troublant" d'un personnage à l'autre, "on ne sait plus où est la vérité", souligne Mathieu Amalric, qui parle du film comme d'un "millefeuille".
Voir la bande-annonce de La Vénus à la fourrure :
Copyright © Passion Cinema 2023 | @PassionCinema
Commentaires